Bye Yellow Bike...

Au moment où j'écris mon article, je me dis que l'intitulé pourrait faire un joli titre de chanson...
En effet, aujourd'hui est un nouveau tournant de mon année Erasmus, aujourd'hui marque le début de la fin. Car aujourd'hui j'ai finalement vendu le charmant vélo jaune que j'avais acheté en début d'année à un gentil monsieur anglais nommé Bill.

Ce vélo passant d'un Anglais à une Française; à partir d'aujourd'hui c'est une Hollandaise qui va en prendre le contrôle. Je suis absolument ravie d'avoir trouvé preneur si rapidement, mais d'un côté je n'ai pu m'empêcher de ressentir un pincement au coeur lorsque Marlies s'est éloignée en pédalant, emportant avec elle toutes les affaires que je fournissais avec le vélo (cadenas, lumières, pompe) ainsi que neuf mois de souvenirs: d'allers et retours au centre ville, d'allers-retours rapides à l'université; le souvenir de la fatigante colline à monter mais le plaisir lors de la descente après une après-midi à la bibliothèque pour mes essais... Je me dis que plus jamais j'irai chez Laura à vélo le vendredi soir, le laisserai dans son entrée tandis que nous irions au club de l'université, puis retournerai chez elle pour le récupérer et rentrer chez moi à 3h du matin...
D'ailleurs, laisser mon vélo me fait comprendre que le retour définitif en France est dans seulement un peu plus d'un mois et que bientôt je devrai dire un grand au revoir à tout le monde. Mes amies japonaises et coréennes que je ne verrais peut-être plus jamais, mes brefs amis rencontrés à Dublin; les italiens et hollandais que je n'ai malheureusement pas eu le temps de connaître assez pour former une relation d'amitié solide. Et surtout, je vais devoir laisser Laura, ma véritable amie de Leicester, celle avec qui j'espère garder contact à jamais. Certes, elle est française, ce sera plus facile, mais il va falloir trouver le moyen d'aller lui rendre visite à Paris et inversement. Surtout, ça fait bizarre de se dire que je ne la verrai plus régulièrement chaque semaine et qu'on ne s'amusera plus à se moquer des gens en regardant des Tellement Vrai sur son ordinateur. On ne pourra plus parler de notre cours commun à Leicester, de nos fatigants essais et, surtout, on ne pourra plus critiquer le côté superficiel de la vie Erasmus...
 Oui, parce qu'il y a un côté superficiel en Erasmus. Tu rencontres des gens que tu recroises quasiment jamais dans l'année et qui pourtant viennent te saluer comme si tu étais un vieil ami de longue date qu'ils adorent lorsque tu les rencontres soudainement. Et après une étreinte comme il se doit, ils retournent s'amuser auprès de leur autre groupe d'amis, ne t'adressant plus jamais la parole jusqu'à la prochaine beuverie. Les organisateurs de soirée Erasmus ne sont pas en reste non plus ! Tous anglais, ils font croire qu'ils sont ravis de se mêler aux étudiants étrangers, fiers de faire parti de la communauté après avoir passé eux aussi une année loin de leur patrie (souvent dans des pays anglophones ; Australie, Canada, USA). Mais pourtant et à chaque soirées ou voyages, ils préfèrent ne pas se mélanger avec la majorité des étudiants non anglophones et restent entre eux, acceptant seulement dans leur cercle d'amis proches les étrangers qui parlent couramment leur langue, à savoir les Australiens, américains, etc. Mais évidemment leur comportement passe, car bien sûr en début de soirée ils tâchent de t'accueillir comme il se doit "HEYYYYYYY ! How are you ?!!!" (bizarrement, tout le temps en affichant un air enjoué exacerbé) avant de filer rejoindre la bande de ceux qui parlent correctement l'anglais, te laissant seul dans ton coin avec tes amis aux accents bizarres.
Bon, cependant n'allez pas croire que c'est tout le temps comme ça. Beaucoup de gens s'y accommodent très bien, d'autres n'y font pas attention ou dans certains cas ça ne se passe absolument pas comme ça. Mais moi, en analysant bien, je l'ai ressenti de cette façon... Et je ne suis pas la seule! Aussi, il y a les étudiants Erasmus qui restent eux aussi uniquement avec des gens qui parlent leur langue et venant de leur pays. Les chinois avec les chinois (c'est plutôt courant partout j'ai l'impression), les français avec les français (j'ai essayé de ne pas le faire, mais ce n'est pas le cas de tout le monde), les italiens et les espagnols étant les pire à ce niveau là; et se retrouver au milieu de 4 italiens à Dublin quand tu es la seule française, et bien mieux vaut ne pas espérer suivre les conversations, car ils parleront italien la plupart du temps.  Bizarrement j'ai mieux réussi à me rapprocher des asiatiques qui étaient beaucoup plus enclin à se mélanger. Mais sans doute est-ce parce qu'ils restaient toute l'année en Europe sans espoir de rentrer chez eux durant les vacances et donc ils cherchaient à se faire plus d'amis. Mais encore, ça dépend des personnes, de leur sociabilité et sentiments vis-à-vis des autres.

Pourtant, n'allez pas croire qu'Erasmus ne m'a pas plu ! J'ai aussi eu de très bon moments à Leicester. Rencontrer de nouveaux amis du monde entier, visiter des villes nouvelles, voir avec plaisir ma progression en anglais et mes notes d'essais qui montent, suivre des cours intéressants avec des profs bien plus sympa qu'en France. Si cette année Erasmus ne sera sûrement pas la "plus belle année de ma vie" comme beaucoup d'Erasmus l'affirment lorsqu'ils parlent de leur année à l'étranger, ce sera l'année où j'ai vraiment acquis mon indépendance, où j'ai appris la solitude, compris quel est mon véritable caractère, où j'ai perdu ces illusions que les Anglais sont très propres (colocation ! Plus jamais) et j'ai avu que finalement on peut s'adapter à toutes les situations. Erasmus m'a très certainement rendu plus forte ! Et si c'était à refaire, je le referai sans hésiter :) Grâce à cette année, je me suis aussi rendu compte que la France est également un pays merveilleux et que l'herbe n'est peut-être pas plus verte à côté. Je n'aurai plus jamais peur de m'ennuyer dans ce pays et je serai toujours fière d'en faire partie (et puis bizarrement, les Français sont pas mal populaires à l'étranger ^^) .

Finalement, le mois qui vient est un mois d'adieu, mais aussi un mois pleins de défis puisque c'est celui de la chasse au gras ! Et oui, j'ai grossi durant cette année Erasmus et je compte bien perdre tout ce surplus de graisse. Je combats donc ma gourmandise chaque jour en mangeant pas mal de légumes (surtout le concombre que je décline à toutes les sauces) et en faisant chaque jour des exercices de fitness devant mon ordi. D'ailleurs aujourd'hui, et après 30min d'entrainement exténuant, j'ai failli manqué de faire tomber mon ordinateur par terre. Il faut donc que je me souvienne que ce n'est pas mon ordi à qui je dois casser la gueule, mais bien à mes kilos en trop. Manquerait plus que je le casse ! ^^' Je crois que mon monde s'écroulerait ! Il faut dire que durant cette année, il m'a socialisé en me permettant de regarder des séries, films et téléphoner à mes amis, famille, mais il m'a aussi permis de travailler. Que serai-je devenue sans lui ?! Bref, il ne me reste plus qu'un essai à faire et j'en aurai définitivement terminé avec l'Université de Leicester... Là aussi, ça va paraître plus qu'étrange. L'année s'achève bientôt et, finalement, elle se sera écoulée très très vite. Alors bye bye yellow bike, tu es le premier à qui je dis adieu...